Si elle s’inscrit dans une tendance générale, la décision de l’Eurométropole de reporter sine die l’interdiction des véhicules crit’air 3 n’en reste pas moins regrettable au vu des dizaines de milliers de mort et des nombreuses maladies liées à la pollution atmosphérique. Personnellement, j’ai fait le choix de me passer de voiture alors que j’habite près d’un axe très passant dont le trafic devrait encore s’intensifier avec les reports de circulation liés au tram nord : j’ai ainsi le sentiment que la majorité – pourtant supposément écolo – a fait le choix de sacrifier ma santé sur l’autel d’intérêts électoralistes mal compris.
Certes, l’Eurométropole a beau jeu de mettre en avant l’amélioration récente de sa qualité de l’air, mais ce phénomène est en grande partie dû aux nombreuses pluies et au vents fréquents qui, ces dernières années, ont contribué à disperser les polluants atmosphériques. De plus, l’Eurométropole reste très proche des seuils de tolérance européens, or ces seuils seront prochainement abaissés du fait de la révision des normes européennes.
Tous ces éléments ne font que confirmer une évidence : au lieu de se repaître dans une démonstration d’autosatisfaction qui ne fait que masquer son manque de courage politique, l’exécutif de l’Eurométropole ferait mieux de mettre en place sa ZFE suivant le calendrier initialement prévu. Cela passe bien entendu par une interdiction à brève échéance des véhicules crit’air 3, mais aussi par des sanctions effectives contre celles et ceux – et ils sont nombreux – qui continuent de circuler alors qu’ils n’y sont plus autorisés.
Aujourd’hui, Strasbourg et son agglomération ont développé un réseau de transports en commun et de pistes cyclables tel qu’il est justifié de vouloir réduire la place de la voiture, eu égard à ses nuisances nombreuses. Certes, en la matière, les choses peuvent et doivent toujours être améliorées. Comme peuvent être sans doute aussi améliorés les dispositifs d’aides en direction de celles et ceux qui n’ont pas les moyens de se passer de leur véhicule. Mais en rester au statu quo alors que nous sommes tous concernés par la pollution de l’air, que nous soyons automobilistes ou non, est non seulement déraisonnable mais aussi profondément injuste.